RÉPRESSION MORTELLE AU MOZAMBIQUE SUITE À UNE ÉLECTION CONTROVERSÉE PROVOQUE DES PROTESTATIONS NATIONALES

By USAFRICA NEWS
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MAPUTO, Mozambique — Dans un tournant tragique des événements suivant l’élection présidentielle du 9 octobre, au moins 10 personnes ont été déclarées mortes, et des dizaines d’autres blessées en raison de la violence policière visant à réprimer les manifestations. Des organisations médicales, y compris l’Association médicale du Mozambique et l’Ordre des médecins du Mozambique, ont confirmé ces décès, indiquant qu’entre le 18 et le 26 octobre, au moins 63 personnes ont également été blessées par des balles. Le mécontentement a éclaté après que le Front de libération du Mozambique (Frelimo) a annoncé Daniel Chapo comme le vainqueur de l’élection le 24 octobre. Cette victoire permet au Frelimo de maintenir son emprise sur le pouvoir, ayant gouverné le pays depuis son indépendance du Portugal en 1975. L’ascension de Chapo intervient alors que le président Filipe Nyusi se prépare à céder le pouvoir, après avoir exercé les deux mandats constitutionnellement imposés.

 

Les accusations de fraude électorale étaient omniprésentes, en particulier de la part des partis d’opposition qui affirmaient que le processus électoral était

entaché de manipulation et d’irrégularités. Des observateurs internationaux, y compris ceux de l’Union européenne, ont soutenu ces allégations, notant des écarts dans le comptage des votes et des cas de résultats altérés. Les tensions se sont intensifiées après l’assassinat de deux hauts responsables de l’opposition à Maputo le 18 octobre. Les fonctionnaires ont été victimes d’une embuscade par des assaillants inconnus, des rapports indiquant que 25 balles avaient été tirées sur leur véhicule. Cet incident a enflammé la colère des partisans de l’opposition, entraînant des manifestations généralisées à travers le pays.

 

Gilberto Manhiça, président de l’Ordre des médecins du Mozambique, a exprimé de vives inquiétudes concernant la conduite de la police, affirmant que dans de nombreux cas, notamment ceux ayant entraîné des décès, il semblait que les agents avaient l’intention de “tirer pour tuer”. Human Rights Watch a corroboré ces constats, rapportant un total de 11 décès et plus de 50 blessures graves, et a appelé à une enquête urgente sur ce qu’elle a qualifié d’”usage apparemment excessif de la force” par la police.

 

En plus des incidents tragiques à Maputo, Amnesty International a rapporté que la police avait ouvert le feu sur un rassemblement pacifique de l’opposition dans la ville de Nampula le 16 octobre, blessant au moins un manifestant. Suite à l’élection, les autorités ont qualifié une grande partie des troubles de violents, justifiant leurs actions pour rétablir l’ordre. Le porte-parole de la police, Orlando Mudumane, a assuré au public que la situation était “relativement calme et contrôlée” jeudi dernier. En réponse à la violence croissante et aux allégations de malversations électorales, le leader de l’opposition, Mondlane, a annoncé des plans pour une semaine de nouvelles manifestations, exhortant les citoyens à poursuivre leur lutte pour la responsabilité et la justice. Alors que le Mozambique se prépare à de nouvelles démonstrations, la communauté internationale observe de près, appelant à une résolution pacifique des troubles et au respect des principes des droits humains.