TRUMP, MUSK ET L’AFRIQUE: UNE ALLIANCE À SURVEILLER DE TRÈS PRÈS

Franck Gutenberg
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Il souffle un vent étrange sur le monde. Entre avancées technologiques fulgurantes et retours à des logiques de domination inquiétantes, certains discours et projets interpellent. À commencer par cette étrange proximité entre deux figures puissantes de notre époque: Donald Trump et Elon Musk. Deux hommes, deux ambitions, un seul point commun : un appétit pour le pouvoir et un goût prononcé pour l’imprévisibilité.

Alors que Donald Trump semble se repositionner pour reprendre la Maison Blanche avec plus d’assurance que jamais, certains signes laissent penser qu’il pourrait, consciemment ou non, faciliter les desseins de Musk sur le continent africain. Ce dernier, né en Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, n’a jamais tout à fait coupé le lien émotionnel et stratégique avec le pays de son enfance.

Des questions émergent alors :

Musk, aujourd’hui à la tête d’un empire technologique couvrant l’espace, l’intelligence artificielle et l’énergie, nourrit-il un projet africain plus profond que les simples ambitions industrielles?
Derrière ses projets spatiaux et son influence croissante sur les réseaux sociaux, y aurait-il une nostalgie masquée d’un ordre ancien, d’un continent vu comme une terre de conquête plutôt que de partenariat ?

Le climat politique tendu n’arrange rien. La récente décision de Pretoria de rappeler son ambassadeur à Washington n’est pas un simple geste diplomatique. Elle traduit un malaise croissant face à l’attitude des États-Unis, et peut-être plus particulièrement face à la montée en puissance d’un courant politique porté par Trump et soutenu par des intérêts financiers peu soucieux de l’équilibre géopolitique.

Le spectre de la déportation de populations, évoqué sans gêne par certaines figures politiques, ravive des blessures profondes sur un continent qui n’a pas encore pansé toutes ses cicatrices. L’Afrique du Sud, où cohabitent toujours des tensions raciales non résolues, pourrait-elle devenir le théâtre d’un nouvel affrontement d’influences ? D’autant plus si la mémoire de l’apartheid est convoquée par des discours ou des projets révisionnistes.

Si Trump revient au pouvoir avec l’appui discret ou manifeste d’un Elon Musk aux ambitions mondiales, qu’adviendra-t-il des fragiles équilibres au sud du continent africain ? À qui profiterait le chaos? Et surtout, qui pourra encore freiner un pouvoir qui semble s’affranchir des règles traditionnelles pour imposer une vision du monde autoritaire, unilatérale, voire coloniale dans sa forme moderne ?

L’Afrique doit rester vigilante. Elle ne peut se permettre d’être un terrain d’expérimentation ou un pion sur l’échiquier des ambitions personnelles. Elle doit reprendre la main sur son récit, sur ses choix, sur son avenir.