POURQUOI PAUL BIYA TIENT-IL SES MINISTRES RESPONSABLES DANS SON DISCOURS DE FIN D’ANNÉE?

By Franck Gutenberg
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Le discours de Paul Biya marque-t-il un tournant dans la responsabilité ministérielle?

Le 31 décembre 2024, dans son traditionnel discours de fin d’année, le président Paul Biya n’a pas hésité à pointer du doigt plusieurs membres clés de son gouvernement. Mais que signifient ces critiques pour les ministres concernés, et pour l’avenir de la gouvernance du Cameroun?

Pourquoi les ministres des Infrastructures sont-ils dans la ligne de mire ?

Le premier ministre ciblé fut Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics, qui a fait face à des critiques croissantes concernant l’état des routes du pays. Biya a reconnu les efforts du gouvernement, mais a dressé un constat sévère, soulignant que les infrastructures routières ne reflètent pas les investissements réalisés par l’État. La question se pose : les contraintes financières et la mauvaise gouvernance entravent-elles réellement les progrès, comme le suggère le président ? Ou existe-t-il des problèmes plus profonds ? Paul Biya a annoncé une réforme du Fonds routier, mais cette mesure sera-t-elle suffisante pour résoudre les problèmes structurels des infrastructures au Cameroun ?

Le gouvernement est-il en crise de gestion foncière ?

Biya s’est également montré sévère envers Henri Eyebe Ayissi, ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, pointant des défaillances dans la gestion des terres. Les remarques du président sur la protection de la propriété foncière laissent entrevoir de graves dysfonctionnements, Biya affirmant que des « dérives » mettaient en péril la sécurité des propriétés des citoyens. Sa promesse de sanctions fermes contre les contrevenants annonce-t-elle une véritable lutte contre la corruption dans ce domaine ? Quelles sont les mesures concrètes que le gouvernement prendra pour garantir des droits de propriété solides et durables ?

Les catastrophes auraient-elles pu être évitées ?

Un autre domaine mis en avant a été la gestion des catastrophes, sous la responsabilité du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. Biya est revenu sur les événements tragiques de l’année, citant les accidents de la route et les effondrements de bâtiments bâtis en violation des normes de construction. Ces tragédies auraient-elles pu être évitées par une surveillance plus stricte et une application rigoureuse des normes ? Le président a également déploré les pertes humaines dues aux catastrophes naturelles, comme le glissement de terrain à Dschang et les inondations dans la région de l’Extrême-Nord. Avec l’intensification des effets du changement climatique, le Cameroun est-il préparé à faire face à ces risques, ou ces catastrophes sont-elles la conséquence d’une négligence systémique ?

Que faut-il attendre de 2025 ?

Le discours de Paul Biya ne s’est pas limité à un bilan, il a également tracé les grandes lignes de l’année 2025. Ses instructions sont claires : renforcer la gouvernance, réformer le Fonds routier, et intensifier les mesures de prévention des catastrophes. Mais la véritable question demeure : ces réformes seront-elles suffisantes pour restaurer la confiance du public et engendrer des résultats tangibles ?

À l’aube de 2025, il semble que les remarques du président Biya appellent à une introspection et à une réforme au sein de son gouvernement. Mais les ministres concernés sont-ils prêts à relever le défi ? Ou continueront-ils à se débattre sous le poids des problèmes systémiques ? Une chose est certaine : l’année 2025 sera celle où les actions devront parler plus fort que les paroles.