POURQUOI LES DIRIGEANTS AFRICAINS REFUSENT DE DÉMISSIONNER: UN REGARD SUR LA MAIN MISE DES PUISSANCES OCCIDENTALES

By Franck Gutenberg
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Dans un monde où le leadership devrait être synonyme de service et de responsabilité, de nombreux dirigeants africains semblent s’accrocher au pouvoir avec une poigne de fer, refusant de se retirer même lorsque leur mandat est largement dépassé. Ce schéma est aussi ancien que l’ère post-indépendance elle-même, où des dirigeants accèdent au pouvoir par des élections, des révolutions ou des coups d’État, pour ensuite manipuler les constitutions, réprimer l’opposition et étouffer toute dissidence afin de rester en fonction indéfiniment. 

 

Mais pourquoi la démission est-elle un tel tabou chez les dirigeants africains? La réponse réside non seulement dans leur soif personnelle de pouvoir, mais aussi dans un système de gouvernance et de politique qui permet à l’autoritarisme de prospérer, souvent au détriment du progrès de leurs nations et de l’intégrité démocratique. 

 

 

 

L’attrait du pouvoir absolu et la complicité occidentale   

 

Le pouvoir, dans de nombreux États africains, va bien au-delà d’une simple fonction gouvernementale; c’est une source de richesse personnelle et de sécurité, tant pour les dirigeants que pour les puissances occidentales qui bénéficient de leur longévité. Le maintien de régimes corrompus sert souvent à protéger les intérêts économiques étrangers, notamment dans les secteurs de l’énergie, des mines et des ressources naturelles. 

 

Ces puissances, conscientes des richesses stratégiques du sous-sol africain, soutiennent discrètement les révisions constitutionnelles. En échange de contrats favorables et de l’accès privilégié aux ressources, elles ferment les yeux sur les abus de pouvoir et les violations des droits de l’homme. Les dirigeants tels que Yoweri Museveni en Ouganda ou Paul Biya au Cameroun modifient impunément les lois de leurs pays, souvent avec l’appui tacite ou explicite des puissances occidentales, garantissant ainsi la stabilité économique pour ces dernières au détriment des populations locales. 

 

Manipulation constitutionnelle sous influence étrangère   

 

Nombre de pays africains souffrent de l’existence d’institutions démocratiques faibles et manipulables. Là où la justice, les commissions électorales et les parlements devraient fonctionner comme des contre-pouvoirs, ils deviennent des instruments au service du dirigeant en place. Les modifications constitutionnelles ne visent qu’à prolonger des mandats indéfinis, sous couvert de stabilité nationale ou de progrès économique. Mais en réalité, ces changements servent avant tout à maintenir des régimes favorables aux intérêts occidentaux, qui exploitent ainsi les ressources du continent sans entraves. 

 

Le rôle des forces militaires et de sécurité sous l’influence étrangère  

 

Les forces de sécurité et l’armée, bien souvent, ne sont pas au service du peuple, mais deviennent des outils de répression, protégées et armées par des accords avec les puissances étrangères. En échange de leur loyauté aux dirigeants en place, elles répriment toute forme de dissidence ou de contestation, garantissant ainsi la stabilité du régime en place, souvent au profit de partenaires occidentaux. En effet, la préservation des intérêts des entreprises multinationales est bien souvent liée à cette stabilité, aussi injuste soit-elle pour le citoyen africain. 

 

L’exploitation des ressources au détriment du citoyen africain   

 

Les puissances occidentales ont depuis longtemps un intérêt économique dans la prolongation des mandats des dirigeants africains. Cette influence permet de maintenir un accès facile aux ressources africaines, tel que le pétrole, le gaz, les minerais précieux et d’autres produits stratégiques. Alors que ces ressources sont massivement exploitées, les populations locales continuent de vivre dans une pauvreté abjecte, ne profitant guère des richesses de leur propre sol. Cette situation, maintenue par des leaders corrompus avec la bénédiction des puissances étrangères, nourrit une frustration croissante parmi la jeunesse africaine. 

 

Qui est responsable et comment remédier à cette situation?   

 

La responsabilité de cette stagnation incombe tant aux dirigeants africains qu’à ces puissances occidentales qui tirent parti de leurs régimes autoritaires. La solution à ce problème réside dans un renforcement des institutions démocratiques, indépendantes des influences étrangères. Il est impératif que l’Union africaine, les organisations régionales et les mouvements citoyens prennent des mesures pour exiger des élections transparentes et la reddition des comptes. Le rôle des médias africains est aussi crucial: en mettant en lumière ces influences étrangères et en sensibilisant les populations locales, ils peuvent catalyser une prise de conscience qui conduira à des changements significatifs. 

 

La leçon à tirer 

 

La situation actuelle montre clairement que tant que les pays africains ne prendront pas leur destin en main, libérés des pressions étrangères et de leurs propres leaders corrompus, le développement durable restera un rêve lointain. La clé réside dans la réappropriation du pouvoir par les citoyens africains et la mise en place de leaders véritablement engagés dans la protection des intérêts de leurs peuples, et non dans la préservation d’accords économiques biaisés en faveur de l’Occident.