L’actualité récente nous dévoile une reconnaissance tardive de l’Église catholique à travers les paroles du pape François, qui, dans une lettre du 1er octobre 2024, a reconnu que l’Église avait été “complice” des systèmes qui ont favorisé l’esclavage et le colonialisme. Un moment de repentance symbolique a eu lieu au Vatican, accompagné de la lecture de lettres de pardon, par des cardinaux, sur des péchés variés, dont celui de l’exploitation coloniale et de l’esclavage. Pourtant, cette confession soulève une question fondamentale: pourquoi les nations occidentales, y compris l’Église, continuent-elles à pratiquer une forme de néo-colonialisme en Afrique et ailleurs tout en affichant des excuses superficielles pour les atrocités passées ?
Prenons l’exemple de la Libye, un pays où l’intervention militaire occidentale en 2011 a dévasté une nation entière. La chute de Mouammar Kadhafi, soutenue par l’OTAN, a entraîné des décennies de chaos, de violences et de divisions ethniques, tandis que les pays occidentaux, sous couvert de “libération”, ont abandonné la Libye à un avenir incertain. Et bien que des apologies soient parfois formulées pour les atrocités commises sous le colonialisme, ces mêmes puissances continuent d’exploiter les ressources naturelles du pays et de mener des politiques néocoloniales, exploitant les richesses de l’Afrique sans réelle volonté de construire des infrastructures stables ou d’améliorer les conditions de vie de ses populations.
Un autre exemple frappant est celui du Tchad, un pays dont le pétrole est une des principales sources de revenus. Pendant des années, les compagnies pétrolières occidentales ont extrait les ressources naturelles de ce pays, souvent au mépris des droits humains, sans que les bénéfices ne profitent à la majorité de la population tchadienne. Le colonialisme économique, avec ses multinationales prédatrices, continue d’imposer un fardeau lourd aux populations africaines, tout en prétendant qu’il existe un partenariat d’égal à égal avec ces nations.
Le Cameroun, lui aussi, incarne cette hypocrisie occidentale. Tandis que la France, ancienne puissance coloniale, continue de maintenir une influence politique et économique considérable dans le pays, elle fait la promotion des “droits de l’homme” et de “l’indépendance” de ses anciennes colonies dans des discours internationaux. Mais dans la réalité, les intérêts géopolitiques et économiques occidentaux, notamment en matière de ressources naturelles, dictent les actions de la France, qui ferme souvent les yeux sur les violations des droits humains commises par le régime en place. Ce jeu à double facette, où l’Occident prône des valeurs tout en agissant selon des intérêts stratégiques, montre bien qu’une véritable repentance est loin d’être atteinte.
Quant au Sénégal, il est également victime de l’hypocrisie occidentale. Alors qu’il fait figure de modèle démocratique en Afrique, ses relations avec l’Occident restent marquées par des pratiques d’exploitation, comme l’extraction de minerais ou la pêche industrielle qui détruit les écosystèmes locaux, tout en créant une dépendance économique qui empêche le pays de s’émanciper véritablement. L’Occident, qui se targue de promouvoir des valeurs humanitaires, continue de soutenir un système global qui maintien l’Afrique dans une situation de dépendance économique et sociale.
Derrière les excuses et les discours de repentance se cache une réalité plus sombre : celle d’un système international où l’Occident continue de tirer profit de l’exploitation des ressources naturelles, humaines et culturelles des pays africains. Les institutions comme l’Église catholique ou les gouvernements occidentaux se font un devoir de présenter des actes de repentance, mais ces excuses n’entrainent que peu de changement réel dans les rapports de force économiques et géopolitiques.
En fin de compte, la véritable question à poser n’est pas simplement celle des excuses mais de la volonté réelle de changer le système. Quand l’Occident va-t-il réellement se défaire des vestiges du colonialisme et offrir une véritable autonomie économique et politique aux nations africaines ? Au-delà des mots, il est grand temps d’agir et de mettre fin à l’hypocrisie qui caractérise encore les relations entre l’Afrique et l’Occident.