LES CHEFS D’ÉTAT AFRICAINS, HOSPITALITÉ EUROPÉENNE ET HYPOCRISIE SYSTÉMATIQUE

By Franck Gutenberg
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Dans un monde où l’égalité d’accès aux soins de santé est devenue une nécessité incontournable, il est pour le moins ahurissant de constater que certains chefs d’État africains, au lieu de miser sur le développement de leur propre système de santé, s’envolent vers les hôpitaux européens. Ces voyages, financés par les contribuables de leur pays, sont une insulte à la dignité et à la résilience de nos populations.

 

Imaginez un instant ces dirigeants, bien installés dans des suites luxueuses à Genève, profitant des soins de santé que leur fortune personnelle ne devrait jamais leur permettre de dissocier de la misère de leurs concitoyens. Pendant ce temps, les hôpitaux de leurs propres pays sont souvent mal équipés, manquent de personnel qualifié et souffrent de budgets dérisoires. Les investissements nécessaires à la formation de médecins compétents et à la construction d’infrastructures adéquates sont constamment siphonnés par la corruption et les détournements.

 

Ces dirigeants, qui se prétendent les défenseurs du peuple, alimentent un système de double moralité: l’accès aux soins de santé pour les élites, tandis que les masses doivent se contenter de ce qui reste. Que dire des promesses non tenues de réforme de la santé? Que dire des milliards d’euros détournés, cachés dans des sanctuaires comme Genève, alors que nos hôpitaux souffrent? L’inégalité se transforme en discrimination des biens mal acquis, où le luxe européen est préféré au bien-être de nos citoyens.

 

Il est temps de poser la question: quand nos dirigeants choisiront-ils de bâtir un avenir sain pour leurs peuples ? Quand comprendront-ils que leur place est ici, à promouvoir des systèmes de santé qui ne laissent personne de côté? La santé n’est pas un privilège, c’est un droit. Et ce droit ne devrait jamais être sacrifié sur l’autel de l’hypocrisie et du népotisme.

 

Il est urgent de mettre fin à ce cycle vicieux. Les citoyens doivent exiger des comptes de la part de leurs dirigeants, et les chefs d’État doivent prendre la responsabilité de transformer nos systèmes de santé. Sinon, ils ne devraient pas s’étonner si, un jour, la colère du peuple explose face à tant d’injustice et d’inégalité.