Rio de Janeiro, planète Terre — Dans un numéro de haute voltige diplomatique, le bloc des BRICS est parvenu à dénoncer l’injustice mondiale tout en pratiquant un aveuglement stratégique lors de son sommet annuel, cette fois sous le soleil tropical du Brésil. Le groupe des dix incluant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, et leurs nouvelles recrues comme l’Iran et l’Égypte a fait parler de lui non pas pour ce qu’il a dit, mais pour ce qu’il a soigneusement évité.
À l’ordre du jour ? Une violente diatribe contre les États-Unis et Israël, accusés d’avoir bombardé l’Iran, qualifiant ces frappes de « violation flagrante du droit international ». Une indignation vertueuse… sauf quand il s’agit de la Russie, dont l’invasion continue de l’Ukraine est manifestement hors sujet probablement parce que Moscou est un membre de la bande. C’est un peu comme hurler sur son voisin pour son mauvais stationnement tout en oubliant que son propre garage est en flammes.
À la place, le récit a été retourné pour accuser l’Ukraine de « provocation », pour avoir eu l’audace de répondre à une invasion. Une véritable masterclass de manipulation diplomatique.
Droits de douane & crises d’ego :
Pendant ce temps, l’ex-président américain et pyromane économique à plein temps — Donald Trump a reçu une claque indirecte pour ses tarifs douaniers préférés. Les BRICS n’ont pas mentionné son nom, mais leur déclaration contre les « barrières commerciales unilatérales » résonnait comme un écho bruyant de ses discours de campagne. Fidèle à lui-même, Trump a réagi sur Truth Social, menaçant d’un droit de douane de 10 % toute nation trop proche des « politiques anti-américaines » des BRICS. La subtilité est morte ; vive le tweet.
L’élargissement BRICS : plus on est de fous…
Le sommet de cette année ressemblait davantage à un cosplay des Nations Unies. De nouveaux membres comme l’Iran, l’Indonésie ou encore l’Éthiopie ont rejoint les rangs, tandis que d’autres pays faisaient la queue comme un Black Friday diplomatique. L’Argentine, elle, s’est désistée à la dernière minute, son nouveau président préférant son « bromance » assumée avec Donald Trump.
Grands absents : Xi Jinping, resté à Pékin, et Vladimir Poutine, recherché par la Cour pénale internationale, qui a intelligemment préféré éviter de tester la loi d’extradition brésilienne. Le président iranien s’est aussi abstenu, envoyant à sa place son ministre des Affaires étrangères probablement parce que l’évitement de drones laisse peu de temps pour les cocktails diplomatiques.
Chaos au Moyen-Orient & solidarité à géométrie variable
Les BRICS ont eu beaucoup à dire sur le Moyen-Orient. Ils ont vivement dénoncé les frappes américaines et israéliennes contre l’Iran, condamnant des centaines de morts et une escalade des tensions. La riposte de Téhéran par drones et missiles ? Compréhensible, bien sûr.
Et concernant Gaza, le bloc a sorti l’artillerie lourde : condamnation du blocus israélien, hommages aux victimes palestiniennes, et soutien total à une solution à deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale une liste noire diplomatique garantie pour faire bouillir Tel-Aviv. L’agence humanitaire de l’ONU, l’UNRWA, a aussi reçu des louanges, malgré son bannissement par Israël. Car que serait la diplomatie mondiale sans un brin d’insolence ?
Sanctions économiques ? Plutôt des suggestions.
Les sanctions ? Pour les BRICS, elles ressemblent davantage à des caprices occidentaux déguisés en politique étrangère. Ils abhorrent particulièrement les « mesures coercitives unilatérales », c’est-à-dire « les États-Unis sont méchants avec nous ». L’Iran et la Russie, doyens du « club des sanctionnés », se sont montrés les plus bruyants sur le sujet.
Terrorisme : indignation sélective, encore
Un rapide mot a été prononcé à propos d’un attentat terroriste à Pahalgam, en Inde, qui a fait 26 morts. Mais, fidèle à leur nouvelle tradition d’omission stratégique, aucun mot n’a été dit sur le Pakistan, que l’Inde accuse pourtant d’être derrière l’attaque. Le silence gêné semble désormais être une stratégie internationale.
Et cette histoire d’Ukraine, alors ?
La guerre en Ukraine ? L’éléphant gênant dans la salle de conférence n’a eu droit qu’à une vague mention évoquant une « paix durable ». Mais lorsque l’Ukraine a bombardé le territoire russe, là, tout à coup, les BRICS ont retrouvé leur voix, condamnant les attaques comme si la diplomatie elle-même avait été violée.
Le sommet des BRICS 2025 était moins une déclaration d’unité qu’un exercice maîtrisé d’indignation contrôlée. Le bloc continue de se présenter comme la voix du Sud Global à condition de ne jamais critiquer l’un des siens. Hypocrisie ? Peut-être. Stratégie ? Sans aucun doute. Une chose est sûre : dans l’ordre mondial actuel, la morale est optionnelle, mais la loyauté est sacrée.