Le tribunal parisien doit annoncer son verdict mercredi concernant Eugène Rwamucyo, un ancien médecin de 65 ans originaire du Rwanda, qui est accusé d’avoir participé au génocide horrible qui a ravagé son pays en 1994. Le ministère public plaide en faveur d’une lourde peine de 30 ans de prison, mettant en avant des charges de génocide, de complot et de crimes contre l’humanité. Rwamucyo, cependant, maintient son innocence.
Des témoins du monde entier se sont rassemblés pour témoigner au cours d’un procès de quatre semaines, évoquant des souvenirs glaçants et vivants du massacre dans la région de Butare, où Rwamucyo était actif durant les atrocités. Ce procès marque le septième en lien avec le génocide rwandais à se dérouler à Paris au cours de la dernière décennie. Pendant ces massacres brutaux, plus de 800 000 membres de la minorité tutsie et de Hutus modérés qui ont tenté de les protéger ont été exterminés par des factions extrémistes hutu, soutenues par les forces gouvernementales.
Angélique Uwamahoro, qui n’avait que 13 ans lors du génocide, a exprimé sa détermination à obtenir justice pour ceux qui ont péri à cause de leur identité. Uwamahoro se souvient d’avoir vu Rwamucyo — le médecin de sa mère — dans un couvent qui est devenu un refuge pour sa famille pendant un massacre. Tragiquement, plusieurs de ses proches faisaient partie des victimes. Dans son témoignage, elle a rapporté avoir vu Rwamucyo à un barragiste à Butare, l’accusant d’encourager les miliciens à tuer des Tutsis: « Il les incitait à s’assurer que nous ne pouvions pas nous échapper vivants », a-t-elle affirmé.
D’autres témoins ont décrit la réalité sombre des fosses communes, certains évoquant des scènes de survivants forcés d’enterrer leurs camarades, et des récits terrifiants de personnes blessées enterrées vivantes. Le ministère public accuse Rwamucyo d’avoir diffusé de la propagande anti-tutsie et supervisé des opérations pour dissimuler les corps dans des fosses communes. Rwamucyo a défendu ses actions, affirmant que son implication dans les enterrements était uniquement motivée par des préoccupations « d’hygiène » et a nié avec véhémence les allégations d’enterrements vivants.
Son arrestation a eu lieu en 2010, dans une banlieue au nord de Paris, où il exerçait la médecine dans un hôpital après s’être installé en France. Il a été appréhendé alors qu’il assistait aux funérailles de Jean Bosco Baravagwiza, une figure impliquée dans l’orchestration du génocide et condamnée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda en 2003. Ce procès fait suite à la condamnation d’un autre médecin, Sosthene Munyemana, en décembre de l’année précédente. Ce dernier a été condamné à 24 ans de prison pour des crimes similaires, bien qu’il ait depuis fait appel de sa peine. Alors que le procès touche à sa fin, le monde observe de près la décision du tribunal concernant le sort de Rwamucyo.