KAMTO CLAQUE LA PORTE DU MRC : LE PARI RISQUÉ D’UN LEADER EN QUÊTE DE POUVOIR

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Maurice Kamto tourne le dos au MRC et rejoint le MANIDEM : Un coup de poker électoral à haut risque

Le paysage politique camerounais vient de connaître une secousse d’une rare intensité. Maurice Kamto, président-fondateur du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a officiellement annoncé son départ de la formation qu’il a menée depuis sa création. Plus spectaculaire encore, c’est sous la bannière du MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie) qu’il entend briguer la magistrature suprême lors de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.

Un tel revirement laisse les observateurs pantois et les militants du MRC partagés entre stupéfaction, déception, loyauté et colère.

Pourquoi ce revirement spectaculaire ?

Selon les proches du candidat, la décision découle de profonds blocages juridiques et politiques. Le MRC, empêtré dans des polémiques internes, n’était pas en mesure de remplir à temps les conditions électorales strictes énoncées par l’article 121 du code électoral. Face à l’impossibilité légale d’être investi par son propre parti, Kamto n’avait que deux options : se présenter en indépendant  une procédure risquée ou se faire adouber par un autre parti déjà en règle avec les exigences du processus électoral.

C’est dans ce contexte que le MANIDEM, dirigé officiellement par Anicet Ekane, a discrètement tendu la main à Kamto. Les négociations, tenues loin des projecteurs, ont abouti à un accord qui permet à l’opposant de conserver son ambition présidentielle… au prix de son départ du MRC.

Une base militante en ébullition

Le choc est brutal pour les milliers de militants et sympathisants du MRC. Ce parti, qui avait incarné l’espoir d’une opposition sérieuse et structurée depuis l’élection présidentielle de 2018 où Kamto avait récolté 14,23% des voix  semble aujourd’hui orphelin. Certains partisans dénoncent un “abandon en rase campagne”, d’autres y voient une stratégie courageuse face à un système verrouillé. Les réseaux sociaux s’embrasent, les sections locales se réunissent dans l’urgence, et le vice-président Mamadou Mota, appelé à assurer la transition au sein du MRC, tente de calmer les esprits.

Le MANIDEM, tremplin ou piège ?

Le choix du MANIDEM n’est pas sans controverse. Le parti est miné par des divisions internes, notamment entre Anicet Ekane et Dieudonné Yebga, conseiller municipal à Dibombari, qui revendique la légitimité de la présidence. Si le ministre Paul Atanga Nji a reconnu Ekane comme chef légal en 2018, le flou juridique persiste. Des doutes émergent quant à la validité de la candidature de Kamto dans ce contexte litigieux.

Mais Anicet Ekane se veut rassurant: Kamto est officiellement investi dans le cadre de l’Alliance politique pour le changement, et son dossier sera déposé à Elections Cameroon ce 18 octobre.

Qui est Maurice Kamto, vraiment?

Juriste brillant, ancien ministre délégué à la Justice, homme au verbe tranchant et stratège redouté, Kamto reste l’un des opposants les plus en vue de l’ère Biya. Son slogan “J’ai tiré le penalty, et je l’ai marqué” lors de la présidentielle de 2018 reste gravé dans les mémoires. Pourtant, son parcours est semé d’ambiguïtés : boycott des législatives de 2020, radicalisation du discours, et aujourd’hui, départ inattendu de sa propre création politique.

S’agit-il d’un acte de survie politique ou d’un calcul brillant ? L’histoire jugera. Mais une chose est sûre: Kamto refuse de sortir du jeu, quitte à changer d’uniforme pour rester sur le terrain.

Vers une recomposition du jeu politique?

Ce départ marque peut-être la fin d’une époque pour le MRC… mais aussi le début d’un nouvel affrontement. Kamto, affranchi de ses propres structures, tentera de rassembler autour de lui une nouvelle dynamique. En face, le pouvoir en place, bien qu’affaibli, n’a pas dit son dernier mot. Le peuple camerounais, lui, observe, évalue… et espère.

L’élection d’octobre 2025 s’annonce plus que jamais incertaine. Et Kamto, en pariant sur le MANIDEM, a fait un choix qui pourrait bien redéfinir le destin politique du Cameroun.