KAIS SAIED REMPORTE UN DEUXIÈME MANDAT AU MILIEU D’UNE RÉPRESSION CONTRE L’OPPOSITION EN TUNISIE

By USAFRICA NEWS
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Tunis, Tunisie – Dans une élection hautement controversée, le président Kais Saied a remporté un deuxième mandat, obtenant une écrasante majorité de 90,7 % des voix. Le résultat, annoncé par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) lundi soir, fait suite à une campagne marquée par l’emprisonnement des rivaux politiques de Saied, des journalistes, des militants et même des avocats.

 

Alors que les partisans de Saied ont célébré sa victoire décisive, l’élection a également mis en lumière de profondes divisions dans le pays. Une partie importante de la population tunisienne a choisi de boycotter l’élection, reflétant une insatisfaction généralisée face à la répression du gouvernement contre la dissidence. En revanche, les fidèles de Saied se sont rendus en masse aux urnes, renforçant ainsi l’emprise du président sur le pouvoir.

 

Opposition Réprimée et Boycotts

 

Le principal concurrent de Saied, l’homme d’affaires Ayachi Zammel, n’a obtenu que 7,4 % des voix. Ce faible score peut s’expliquer non seulement par la popularité de Saied, mais aussi par le fait que Zammel a passé la majeure partie de la campagne électorale en prison, faisant face à plusieurs condamnations pour des crimes présumés liés aux élections. Son emprisonnement, tout comme celui de nombreux autres opposants, a soulevé de sérieuses inquiétudes quant à l’équité du processus électoral.

 

Les critiques estiment que les élections étaient loin d’être libres et équitables. Le paysage politique en Tunisie a été biaisé en faveur de Saied depuis qu’il a commencé une répression systématique de la dissidence après son arrivée au pouvoir. De nombreuses voix démocratiques du pays, autrefois autorisées à s’épanouir après le Printemps arabe, ont été réduites au silence par des arrestations, des intimidations et des poursuites judiciaires.

 

La Fragile Démocratie Tunisienne

 

Cette élection récente marque la troisième élection en Tunisie depuis les manifestations du Printemps arabe en 2011, un mouvement motivé par des revendications de “pain, liberté et dignité”, qui a conduit à la destitution du long dirigeant Zine El Abidine Ben Ali. Pendant des années, la Tunisie a été perçue comme un symbole d’espoir pour la démocratie dans le monde arabe, adoptant une nouvelle constitution et établissant un système multipartite après la révolution.

 

Cependant, cet espoir a commencé à s’estomper après l’arrivée au pouvoir de Saied. Deux ans après son élection, Saied a déclaré l’état d’urgence en juillet 2021, suspendu le parlement et réécrit la constitution pour s’octroyer des pouvoirs exécutifs plus étendus. Ces mesures ont été largement perçues comme une tentative de consolider son autorité et ont conduit au démantèlement des institutions démocratiques tunisiennes.

 

Une Nation à un Tournant

 

Alors que la victoire de Saied consolide son règne, la Tunisie fait face à un avenir incertain. Le pays est confronté à des difficultés économiques, à un taux de chômage élevé et à un mécontentement croissant au sein de la population. L’emprise croissante de Saied sur le pouvoir, ainsi que sa répression des voix d’opposition, suscitent des inquiétudes quant à la capacité de la Tunisie à préserver les acquis démocratiques pour lesquels elle s’est battue si durement.

 

Avec de nombreux opposants soit en prison, soit en proie à des batailles judiciaires en cours, il reste à voir si la jeune démocratie tunisienne pourra survivre. Les partisans de Saied affirment que sa poigne de fer est nécessaire pour apporter la stabilité et les réformes, mais d’autres craignent que le pays ne retombe dans l’autoritarisme.

 

Alors que la Tunisie entre dans ce nouveau chapitre sous la direction de Saied, le pays se trouve à un carrefour crucial. La nouvelle constitution et le pouvoir concentré de Saied mèneront-ils à la stabilité qu’il promet, ou les libertés durement acquises de la Tunisie continueront-elles à s’éroder? Seul le temps nous le dira.