L’ingérence du Ministère des Sports et de l’Éducation Physique (MINSEP) dans la gestion des fédérations sportives au Cameroun a pris une ampleur inquiétante, menaçant l’unité et l’efficacité des instances sportives tout en exposant les jeunes athlètes, notamment les femmes, à des abus intolérables. Les récents scandales concernant de jeunes volleyeuses camerounaises, dont plusieurs sont tombées enceintes à la suite d’abus sexuels perpétrés par des membres de l’encadrement, mettent en lumière les effets pervers de cette ingérence et soulèvent des questions essentielles sur la gouvernance du sport dans le pays.
Des Fédérations Divisées et Affaiblies
Depuis des années, le MINSEP est accusé d’ingérence dans les affaires internes des fédérations sportives, en imposant des décisions qui devraient normalement relever des organes de gestion indépendants. Cette intervention injustifiée a provoqué des tensions internes, des conflits de leadership, et une division marquée au sein des fédérations. Plutôt que de se concentrer sur le développement du sport et la protection des athlètes, bon nombre de ces fédérations se retrouvent embourbées dans des querelles administratives et politiques.
Les conséquences sont désastreuses: une gestion inefficace des talents, des programmes de formation inadéquats, et une incapacité à assurer la sécurité et le bien-être des jeunes sportifs. Cette situation chaotique devient alors un terreau fertile pour toutes sortes d’abus, dont les jeunes athlètes, et particulièrement les jeunes filles, sont les principales victimes.
Exploitation Sexuelle et Promesses Fallacieuses: Un Scandale Qui Éclabousse le Volleyball Camerounais
Le scandale récent qui secoue la Fédération Camerounaise de Volleyball est l’exemple le plus flagrant de la façon dont l’ingérence et la mauvaise gestion peuvent mener à des abus graves. Selon des informations publiées par la presse internationale, cinq jeunes volleyeuses de moins de 18 ans sont tombées enceintes après avoir été exploitées sexuellement par des membres de la Fédération. Ces jeunes filles, âgées de 16 à 18 ans, ont été victimes de promesses fallacieuses de carrières internationales, d’aides financières, ou de bourses d’études. En échange, elles ont été contraintes d’entretenir des relations sexuelles non consenties.
Ce scandale survient à un moment critique, alors que le Cameroun se prépare pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Le corps fédéral de volleyball fait face à une tempête médiatique sans précédent, et les révélations continuent d’affluer. Une joueuse professionnelle a récemment dénoncé dans une lettre ouverte les “droits de cuissage” et les “débauches organisées” par certains responsables de la Fédération, y compris des comportements inappropriés de certains entraîneurs.
Réaction de la Fédération Camerounaise de Volleyball et Déni de Responsabilité
En réponse à ces accusations, la Fédération Camerounaise de Volleyball (FECAVOLLEY), dirigée par Julien Serge Abouem, a publié un communiqué niant toute implication officielle dans ces affaires de mœurs. La FECAVOLLEY a affirmé que ces comportements sont le fait “d’imposteurs” qui ne trouvent “jamais un cadre d’expression à la FECAVOLLEY”, et elle a invité les parents, les sponsors, et les pouvoirs publics à continuer de lui faire confiance et de soutenir son plan de développement.
Cependant, ce déni de responsabilité ne suffit pas à apaiser la colère et l’indignation qui s’élèvent parmi le public et les acteurs du sport. La minimisation de ces accusations graves comme de simples “comportements individuels indignes” pose des questions sur la transparence et la crédibilité des dirigeants de la Fédération. Si la FECAVOLLEY n’est “en rien concernée” par ces scandales, comment se fait-il que ces abus aient eu lieu au sein de son cadre opérationnel?
Une Urgence de Réforme et de Protection des Athlètes
Ce scandale met en évidence la nécessité d’une réforme complète de la gouvernance sportive au Cameroun. Les fédérations doivent être dotées d’une autonomie réelle, leur permettant de fonctionner sans ingérence politique. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes robustes de protection pour les athlètes, en particulier les jeunes femmes, afin de prévenir de tels abus à l’avenir.
Les autorités doivent mener une enquête approfondie sur ces allégations et s’assurer que les responsables d’abus sexuels et de manipulations de pouvoir soient tenus pour responsables. De plus, des campagnes de sensibilisation aux droits des athlètes et la mise en place de canaux de signalement sûrs et anonymes sont cruciales pour lutter contre la culture de l’impunité.
Un Appel à l’Action pour la Dignité et la Sécurité des Athlètes
Les jeunes athlètes camerounaises, tout comme leurs homologues du monde entier, ont le droit de pratiquer leur sport dans un environnement sûr, respectueux et équitable. Il est impératif que les autorités sportives et gouvernementales prennent des mesures concrètes pour rétablir la confiance et protéger l’intégrité du sport au Cameroun. Les victimes d’abus sexuels ne doivent plus être réduites au silence par la peur ou la honte. Leurs voix doivent être entendues, et justice doit leur être rendue.
L’avenir du sport camerounais dépend de la capacité du MINSEP et des fédérations à mettre fin à l’ingérence politique et à créer un cadre de gouvernance transparent et responsable. La dignité, la sécurité et l’avenir de nos jeunes athlètes sont en jeu.