CORRUPTION ET RESPONSABILITÉ: L’AFRIQUE PEUT-ELLE ROMPRE LE CERCLE VICIEUX?

By Franck Gutenberg
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La corruption est souvent décrite comme un cancer qui s’est métastasé dans de nombreux secteurs de la gouvernance africaine, étouffant le progrès économique et érodant la confiance du public. Chaque jour, les citoyens sont témoins des conséquences des fonds détournés et du pouvoir incontrôlé, conduisant à un électorat désabusé qui exige du changement. Sur un continent riche en ressources et en potentiel, la mainmise de la corruption persiste, soulevant la question: l’Afrique peut-elle rompre le cercle vicieux ?

La récente controverse entourant le stade d’Olembe au Cameroun illustre de manière frappante les implications de la corruption sur le développement et la gouvernance. Initialement prévu comme pièce maîtresse de la Coupe d’Afrique des Nations 2021, le stade a été entaché par des allégations de mauvaise gestion financière et de malversations au sein de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et du ministère des Sports. Des rapports ont fait état de coûts exorbitants et de soupçons de surfacturation liés à la construction, dont beaucoup pensent qu’ils ont principalement servi les intérêts d’un petit groupe au détriment du bien public.

Le scandale du stade d’Olembe n’est pas un incident isolé mais un reflet des problèmes systémiques qui touchent de nombreux pays africains. Selon Transparency International, les pays du continent enregistrent souvent des niveaux élevés de corruption perçue, ce qui nuit à la fois aux investissements étrangers et à la croissance économique locale. Au Cameroun, où l’économie fait face à de nombreux défis, ces facteurs ont des répercussions néfastes sur la population, entravant l’accès aux services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation.

La responsabilité et la transparence doivent être prioritaires si l’Afrique veut sortir du bourbier de la corruption. Renforcer la confiance publique nécessite des dirigeants qui prennent des mesures décisives contre les pratiques corrompues et favorisent un environnement où les citoyens peuvent participer activement à la gouvernance. Une approche consiste à mettre en œuvre des politiques et des cadres rigoureux de lutte contre la corruption, qui non seulement punissent les contrevenants, mais empêchent également la corruption de se produire. Des pays comme le Rwanda, qui ont réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre la corruption grâce à la technologie et à l’engagement communautaire, démontrent que le changement est possible.

De plus, renforcer le rôle des organisations de la société civile et des médias est crucial pour exiger des comptes aux dirigeants. Ces entités peuvent agir comme des chiens de garde, en poussant à une plus grande transparence dans les activités gouvernementales et les transactions financières. Les enquêtes des médias peuvent révéler des cas potentiels de corruption et de détournement tout en augmentant la sensibilisation et l’engagement du public.

Par ailleurs, les réformes doivent s’étendre aux processus d’approvisionnement régissant les grands projets comme le stade d’Olembe. En garantissant que ces processus soient équitables et compétitifs, les autorités peuvent minimiser les opportunités de corruption. Faire appel à des organes de contrôle indépendants pour évaluer les dépenses liées aux projets publics peut considérablement réduire les risques de mauvaise gestion.

Alors que le Cameroun navigue dans les complexités de la situation du stade d’Olembe, les leçons tirées peuvent résonner à travers le continent. Les dirigeants doivent reconnaître que promouvoir une culture de responsabilité contribuera à lutter contre la corruption, encourager un développement durable et restaurer la foi dans les institutions publiques.

En conclusion, l’Afrique se trouve à un carrefour où la lutte contre la corruption est une question de bonne gouvernance et un chemin essentiel vers un avenir meilleur. En priorisant la transparence et la responsabilité, les dirigeants peuvent travailler aux côtés de leurs citoyens pour démanteler les barrières systémiques qui ont freiné le continent pendant bien trop longtemps. Rompre le cercle de la corruption est à la fois un défi et une opportunité que l’Afrique ne peut se permettre d’ignorer si elle veut réaliser son plein potentiel.