CAMEROUN: QUAND LA ROUTE DEVIENT UN CIMETIÈRE ET L’ÉTAT SON FOSSOYEUR

By Franck Gutenberg
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Un pays qui pleure ses morts dans le silence

Le Cameroun est en deuil permanent… seulement des cris étouffés par un pouvoir devenu sourd aux souffrances du peuple. Chaque semaine, des familles entières sont brisées sur des axes nationaux transformés en corridors de la mort. Les chiffres officiels parlent de plus de 1 500 morts par an un bilan largement sous-estimé, car bien des drames ne sont ni recensés ni enquêtés.

Aujourd’hui encore, à Konzou, près de Melon, un énième accident a fauché des vies dans l’indifférence totale : pas de communiqué officiel, pas de deuil national, seulement des cris étouffés par un pouvoir devenu sourd aux souffrances du peuple.

 

Le scandale des routes fantômes

Les causes de cette tragédie permanente sont connues :
– Routes délabrées, sans bitume, sans éclairage, parfois impraticables en plein centre-ville.
– Corruption généralisée aux postes de contrôle : des véhicules en ruine circulent contre quelques billets.
– Surcharges, conducteurs non formés, bus hors d’usage.
– Absence totale d’entretien, malgré des milliards budgétisés et ‘consommés’ chaque année.

Exemples emblématiques :
– La route Yaoundé–Bafoussam, axe vital, est aujourd’hui un cimetière à ciel ouvert.
– L’axe Douala–Bangangté, une tranchée béante où chaque voyage devient un saut dans l’inconnu.

Pendant ce temps, les milliards du contribuable sont méthodiquement détournés vers des projets fantômes comme :
– Le Stade d’Olembe, ‘avec son hôtel quatre étoiles et piscine Olympique sous les gradens’, englouti dans 163 milliards FCFA.
– Le Stade de Japoma, déjà fissuré malgré ses milliards investis.

Ministères ou agences de détournement?

Le Ministère des Travaux Publics et celui des Sports illustrent la faillite d’un État prédateur:
– Surfaturations massives.
– Projets inachevés.
– Détournement de fonds publics devenu sport national.
– Règlements de comptes politiques sous couvert de gestion publique.

Chaque franc détourné, c’est une route non bitumée, une école non construite, une ambulance qui n’arrivera jamais.

Le silence comme arme de domination

Après chaque tragédie :
– Quelques tweets officiels.
– Une visite éclair d’un sous-préfet.
– Une ‘enquête ouverte’ sans publication de résultats.

Pourquoi cette indifférence ? Parce qu’un peuple en détresse est plus facile à manipuler.

Un appel au sursaut national

Le Cameroun ne manque pas d’argent. Il manque de dirigeants honnêtes et d’un véritable sursaut citoyen.

Tant que ce système mafieux sera toléré, tant que les coupables dormiront tranquilles, tant que l’impunité régnera, la route au Cameroun continuera de tuer.

Le Cameroun n’a pas besoin de :
– Une autre commission.
– Un nouvel audit.
– Un énième plan d’action avorté.

Il a besoin :
– D’un plan national de réhabilitation immédiate des routes.
– D’une politique stricte de sécurité routière.
– De poursuites judiciaires sérieuses contre les auteurs de détournements.
– D’une gouvernance transparente et responsable.

Une nation incapable de garantir la sécurité de ses routes est une nation en faillite morale. Et une nation qui laisse mourir ses enfants sur ses routes est une nation complice de son propre effondrement.

“Camerounais, combien de morts faudra-t-il encore avant que l’indignation devienne révolution ?”

À bon entendeur, salut.