Le géant de l’aviation Boeing de nouveau devant la justice pour la catastrophe de Camair en 1995
Les défis juridiques s’accumulent pour Boeing, qui fait face à une deuxième poursuite majeure liée au crash d’un Boeing 737-200 de Cameroon Airlines (Camair) survenu en décembre 1995. L’accident, qui a coûté la vie à 71 personnes, dont 68 passagers et trois membres d’équipage, fait désormais l’objet d’une nouvelle plainte déposée par la compagnie aérienne liquidée, Camair. Le 20 février 2025, Boeing devra comparaître devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri pour répondre de son rôle dans cette tragédie.
En mars 2023, le même tribunal avait déjà tenu Boeing et Pratt & Whitney, le fabricant des moteurs de l’avion, responsables d’un autre crash mortel impliquant un Boeing 737 en 1984. Ce précédent avait conduit à une indemnisation de 158 milliards FCFA pour Camair, soulignant la vulnérabilité de Boeing face à ces batailles juridiques en cours.
Enquêtes et conclusions
L’enquête officielle menée par le gouvernement camerounais sur le crash de 1995 a révélé de multiples défaillances de Boeing et de Pratt & Whitney. Selon le rapport d’enquête publié début 1996, l’accident était dû à une combinaison de facteurs, notamment un moteur défectueux fabriqué par Pratt & Whitney et l’absence de systèmes de sécurité cruciaux de la part de Boeing. Plus précisément, le moteur JT8D-15 de l’avion a échoué en raison d’un défaut de fabrication. L’absence d’un système d’alarme dans le cockpit pour avertir les pilotes de la perte de moteur a joué un rôle majeur dans la catastrophe.
De plus, l’enquête a révélé que Boeing n’avait pas formé l’équipage à gérer ce type d’urgence avec un seul moteur en phase d’atterrissage critique. Le rapport a conclu que l’accident aurait pu être évité si Boeing et Pratt & Whitney avaient corrigé ces problèmes, présents même dans les modèles précédents du Boeing 737.
Un cas avec des implications financières majeures
Suite aux conclusions du tribunal, la compagnie liquidée Camair a déposé une nouvelle réclamation de 103,1 milliards FCFA en dommages et intérêts. Cette réclamation se décompose comme suit:
– 23,1 milliards FCFA pour le coût de remplacement de l’appareil
– 75 milliards FCFA pour les revenus opérationnels perdus
– 5 milliards FCFA pour les dommages à la réputation de la compagnie
Cette nouvelle poursuite ajoute à la pression juridique croissante à laquelle Boeing est confronté à l’échelle mondiale. Cela est particulièrement préoccupant étant donné les problèmes de réputation de la société suite à son implication dans des accidents médiatisés, comme les crashs du 737 MAX.
Un enjeu crucial pour Boeing
À mesure que les procédures judiciaires progressent, le Tribunal de Grande Instance du Wouri continuera de scruter le rôle de Boeing dans cette tragédie. L’industrie de l’aviation suivra de près l’impact de cette affaire sur la situation financière et les opérations futures de l’entreprise.
Les enjeux sont considérables pour Boeing, car ce litige en cours menace de lourdes conséquences financières et pourrait aggraver encore sa réputation sur le marché mondial de l’aviation. L’issue de cette affaire pourrait établir un précédent important quant à la manière dont les géants de l’aviation sont tenus responsables des accidents liés à des défauts de fabrication et à des manquements en matière de sécurité.