BASSIROU DIOMAYE FAYE: UN AN APRÈS, L’ESPOIR À L’ÉPREUVE DE L’ÉCONOMIE

By USAFRICA NEWS
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Dakar, mars 2025 — C’était une date historique. Le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye devenait le plus jeune président élu du continent africain, brisant les codes politiques sénégalais en remportant la présidentielle dès le premier tour. Un exploit salué par une jeunesse avide de renouveau, lassée par les lenteurs du système et l’usure du pouvoir en place.

Un an plus tard, le souffle de l’espoir n’est pas éteint, mais il est ralenti. L’élan populaire qui l’avait porté s’est heurté à la réalité : une situation budgétaire tendue, un pays endetté, et des marges de manœuvre limitées pour opérer les transformations promises.

“On croyait qu’après Macky Sall, les choses allaient changer vite, surtout pour les jeunes. Mais pour l’instant, on attend toujours,” confie Aminata, 29 ans, vendeuse de légumes à Colobane.

Entre promesse de rupture et continuité forcée

Dès son investiture, Diomaye Faye avait promis une gouvernance sobre, éthique et souveraine, rompant avec les pratiques d’hyperprésidentialisme. Mais dans un contexte de finances publiques en crise, ses premières décisions ont dû s’inscrire dans une logique de continuité minimale, en attendant des réformes plus profondes.

Les mesures sociales annoncées, comme l’allègement du coût de la vie ou l’élargissement de l’accès à l’emploi, ont tardé à produire des effets concrets. L’inflation, bien que légèrement ralentie, pèse toujours sur les ménages. Et les grands projets d’investissement public ont été freinés par le manque de liquidités de l’État.

Une image internationale prudente, un cap intérieur encore flou

Sur la scène internationale, le président Faye a su rassurer : ses prises de position modérées et sa volonté de coopérer avec les partenaires traditionnels du Sénégal, tout en renforçant les relations avec les pays africains, ont été saluées.

Mais à l’intérieur, l’impatience gagne. Les syndicats de la fonction publique réclament des réponses sur les salaires, les jeunes attendent des perspectives réelles, et les partisans de la rupture s’interrogent : où en est la refondation annoncée ?

“Il ne peut pas tout faire en un an, mais il doit poser les actes symboliques d’un vrai changement,” note un analyste politique dakarois.

Le défi de la durée : entre attentes sociales et rigueur économique

Un an après, le président Diomaye Faye n’a pas trahi, mais il n’a pas encore convaincu totalement. Les Sénégalais, qui lui ont offert leur confiance dans un moment critique, observent avec attention. Le pays ne lui demande pas de miracles, mais de la clarté, de la justice sociale, et surtout : des résultats tangibles.

Car l’épreuve du pouvoir est celle du temps. Et c’est sur la durée que se jaugera la sincérité du changement promis.