Le 23 septembre 2024, la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) et la Nachtigal Hydropower Company (Nhpc) ont officiellement scellé leur partenariat pour assurer le transport de l’électricité produite par le barrage de Nachtigal. Ce projet tant attendu, censé révolutionner la fourniture d’énergie au Cameroun, est pourtant loin de rassurer. Ce partenariat, présenté comme la solution aux défaillances chroniques du réseau électrique national, s’apparente davantage à une course contre la montre pour éviter un effondrement total du secteur énergétique.
Un Projet qui Suscite Plus de Doutes que de Confiance
Le barrage de Nachtigal, vanté comme un des piliers du redressement énergétique du Cameroun, est perçu par certains experts comme une « poudre aux yeux ». Depuis le début de sa construction, ce projet a été entouré de promesses grandioses, avec des projections annonçant une capacité de production de 420 MW, censée compenser les fréquentes coupures de courant qui pénalisent le développement économique du pays. Cependant, malgré ces chiffres flatteurs, la réalité est bien plus complexe.
La Sonatrel, en charge du transport de cette électricité tant attendue, traîne une réputation de gestion inefficace et de manque de transparence. Les consommateurs camerounais, lassés des coupures intempestives et des pannes récurrentes, sont en droit de se demander si cette entreprise est réellement en mesure de gérer un tel projet d’envergure. Le partenariat avec la Nhpc pourrait bien être un coup d’épée dans l’eau si les failles systémiques qui gangrènent la Sonatrel ne sont pas adressées de manière rigoureuse.
Un Énième Partenariat Sans Réelle Vision à Long Terme ?
Les critiques ne manquent pas face à ce nouveau partenariat. Nombre d’observateurs pointent du doigt l’absence de véritable vision à long terme dans la gestion du secteur énergétique au Cameroun. Le barrage de Nachtigal, malgré sa capacité impressionnante sur le papier, ne suffira probablement pas à répondre aux besoins croissants du pays en matière d’électricité. Les projets antérieurs, tels que les barrages de Lom Pangar et Memve’ele, censés eux aussi apporter une solution durable, peinent encore à tenir leurs promesses.
De plus, la gestion du transport d’électricité par la Sonatrel laisse perplexe. Comment cette entreprise, déjà critiquée pour son manque d’efficience et ses infrastructures vétustes, compte-t-elle moderniser un réseau national en proie à une obsolescence alarmante ? Les défis sont immenses, et la capacité de Sonatrel à assurer une distribution stable et continue de l’électricité semble compromise par des pratiques de gestion archaïques et un manque cruel de ressources.
Un Problème Systémique : Le Cameroun Face à Ses Défis Énergétiques
L’accord signé entre la Sonatrel et la Nhpc pourrait bien n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan des défis énergétiques que le Cameroun doit affronter. La demande en électricité ne cesse de croître, en parallèle avec l’urbanisation rapide et l’industrialisation, mais les solutions proposées semblent toujours en deçà des attentes. Le barrage de Nachtigal, présenté comme une bouffée d’oxygène pour le réseau électrique camerounais, pourrait se révéler insuffisant si des réformes profondes ne sont pas mises en place au sein des structures en charge du transport et de la distribution de l’énergie.
Les Camerounais, déjà échaudés par des décennies de promesses non tenues et de projets mal gérés, attendent des résultats concrets. Le temps des discours et des annonces fracassantes doit laisser place à une action rapide, efficiente, et surtout durable. Si la Sonatrel ne parvient pas à surmonter ses propres défis internes, le partenariat avec la Nhpc pourrait bien se transformer en un nouvel échec retentissant.
La Sonatrel, Dernière Carte pour Sauver un Secteur en Déclin ?
L’avenir énergétique du Cameroun repose en partie sur la capacité de la Sonatrel à redresser la barre et à assurer une distribution fiable de l’électricité. Cependant, sans une refonte en profondeur de ses structures et une meilleure gestion de ses ressources, il est difficile de croire que cette entreprise puisse accomplir la mission titanesque qui lui a été confiée. Le partenariat signé avec la Nachtigal Hydropower Company semble être la dernière tentative pour sauver un secteur en déclin. Reste à savoir si la Sonatrel saura transformer ce pari en succès ou si le Cameroun continuera d’être pris dans les ténèbres des pannes électriques chroniques. Une chose est sûre : l’avenir du secteur énergétique camerounais est en jeu, et les Camerounais n’attendront pas éternellement que leurs lumières cessent de vaciller.
