Libreville, mars 2025 Dans un climat politique encore fragile, marqué par les souvenirs récents du renversement du régime Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, s’est livré à un entretien mesuré mais dense avec France 24 et RFI. À l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril, il clarifie sa position: il ne veut pas être l’homme d’un clan, mais celui de tout un peuple.
“Je veux être porté par le peuple gabonais, pas par un groupe ou un clan”, affirme-t-il avec une simplicité qui tranche avec le style souvent emphatique des discours politiques dans la région.
Depuis sa prise de pouvoir à la suite du coup d’État d’août 2023, Oligui Nguema a cultivé une posture de calme et de transition. Loin de l’agitation des premières heures, il semble aujourd’hui miser sur l’apaisement, l’unité nationale et la justice équitable. À ceux qui doutaient de ses intentions, sa candidature officielle à la présidentielle marque un tournant assumé.
Dans ses déclarations, il insiste sur l’impartialité des institutions judiciaires, notamment en ce qui concerne le procès très attendu de Sylvia Bongo, l’ancienne première dame, et de leur fils Nourredin Bongo Valentin, tous deux accusés de détournements massifs de fonds publics.
“Le procès sera équitable”, promet-il, soulignant l’importance de reconstruire la confiance du peuple dans la justice gabonaise, longtemps perçue comme instrumentalisée.
Sur le plan diplomatique, Oligui Nguema rassure également les partenaires internationaux, notamment la France, avec qui il dit entretenir “de très bonnes relations”. Une façon habile de rééquilibrer les rapports après les critiques formulées par Paris lors du coup d’État, tout en maintenant une indépendance de ton qui plaît à une partie de la population gabonaise.
Mais au-delà des mots, les attentes restent immenses. Le peuple gabonais, fatigué par des décennies de pouvoir héréditaire et de gestion opaque, attend des actes : une réforme en profondeur des institutions, la transparence, la lutte contre la corruption et une politique économique tournée vers les besoins concrets des populations.
La candidature de Brice Oligui Nguema ouvre donc une nouvelle page, incertaine mais pleine d’espoir. Sera-t-il l’homme du rassemblement qu’il promet d’être ? Le candidat de tous, et non d’un cercle ? L’avenir le dira. Mais une chose est sûre : le Gabon est en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire.